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Un élan pour l'égalité des sexes dans le secteur extractif

L’ITIE et ses partenaires s’engagent à redoubler d’efforts pour atteindre l’égalité entre les sexes et la diversité dans la gouvernance des ressources naturelles​

Alors que les hommes sont les principaux bénéficiaires des projets extractifs, les femmes et les filles sont nettement plus touchées par leurs retombées négatives sur le plan social, économique et environnemental. Afin de pallier cette situation, la version récemment révisée de la Norme ITIE inclut des dispositions visant à accroître la participation des femmes dans la prise de décision en matière de gestion, de mise en valeur et d’exploitation des ressources naturelles. Cette révision s’inscrit dans le cadre d’un programme plus large pensé pour s’assurer que les ressources extractives sont gérées de manière équitable et dans l’intérêt de tous les citoyens.

Lors de la Conférence mondiale de l’ITIE, des représentants des États, des entreprises, des organisations de la société civile et des partenaires de l’ITIE ont discuté des mesures à mettre en place pour rendre la gouvernance du secteur plus inclusive. En plus de mettre en œuvre les changements introduits dans la Norme 2019, les parties prenantes de l’ITIE cherchent aussi comment promouvoir l’égalité entre les sexes et la représentation des femmes dans le secteur extractif. Toutes s’accordent à reconnaître l’importance de cette question qui a été soulevée par des participants et des intervenants de haut niveau.

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Des femmes qui défendent les femmes

« Je me réjouis d’appuyer les efforts qui visent à renforcer la participation des femmes dans la supervision du secteur extractif, mais aussi à garantir que les activités extractives profitent autant aux femmes qu’aux hommes », a déclaré Helen Clark, la nouvelle présidente de l’ITIE. Helen Clark est la première femme à avoir dirigé le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de 2009 à 2017. Au cours de son mandat, le ratio hommes-femmes a augmenté de 50 % au sein de l’organisme des Nations Unies, y compris parmi les postes de haut niveau. Lors de la Conférence mondiale de l’ITIE, Helen Clark a fait savoir qu’elle comptait mettre à profit la tribune dont elle dispose en tant que personnalité mondiale de la lutte pour les droits des femmes pour mettre en avant la question de l’égalité des sexes dans ses fonctions de présidente de l’ITIE.

Les panélistes Olga Bielkova, Mark Pearson, Yvonne Mbala et Maritza Esther Ruiz Escoto, ainsi que plus d’une centaine de participants, ont confirmé qu’ils la soutenaient et se tenaient à ses côtés.

Partant de sa propre expérience en tant que membre chevronnée du parlement ukrainien, Olga Bielkova a plaidé résolument pour que les femmes soient représentées à tous les niveaux des organes de décision politique du secteur extractif, y compris à l’aide de quotas.

Ses propos ont été appuyés par Yvonne Mbala, vice-présidente directrice générale de Perenco RDC, le premier exploitant pétrolier de la République démocratique du Congo. Celle-ci a déploré que les femmes restent sous-représentées dans les organes de prise de décision du secteur et ne bénéficient pas des mêmes opportunités économiques que les hommes. Elle a aussi précisé que les femmes constituent moins de 25 % de la main-d’œuvre de son entreprise qui compte environ 1 400 salariés.

Maritza Esther Ruiz Escoto, chercheuse auprès de l’Observatoire dominicain des politiques publiques, a souligné l’importance de poursuivre les travaux universitaires dans ce domaine. Elle a indiqué que le processus ITIE peut renforcer la valeur des autres mécanismes de déclaration en guidant les décisions d’investissement dans le secteur extractif et en veillant à ce que le vécu concret des femmes soit pris en compte.

Conscient que la gouvernance des ressources naturelles doit mieux inclure les femmes, le Conseil d’administration de l’ITIE a récemment entrepris de modifier sa Norme. Les nouvelles dispositions insistent sur la nécessité de tenir compte des femmes pour accroître la transparence et la redevabilité du secteur extractif.

 

Disposition liée à l'égalité entre les sexes dans la Norme ITIE 2019Exigence figurant dans la Norme 2019
Les Groupes multipartites tiendront compte de l’équilibre hommes-femmes dans leur composition.Exigence1.4
Les informations relatives à l’emploi devront être désagrégées par sexe, par projet et par rôle, dans la mesure du possible.Exigence 6.3
Les Groupes multipartites devront se préoccuper des défis qui existent en matière d’accès et des besoins d’information propres aux différents sexes et sous-groupes.Exigence 7.1
Les Groupes multipartites sont encouragés à expliquer quelles mesures ont été prises pour améliorer l’égalité entre les sexes et l’inclusion sociale.Exigence 7.4

 

S’appuyer sur les modifications apportées à la Norme ITIE pour s’engager en faveur de l’égalité entre les sexes

Les principales parties prenantes ont exprimé leur soutien pour les Exigences de la Norme ITIE traitant de la problématique hommes-femmes, tout en promettant de prendre d’autres mesures pour parvenir à l’égalité entre les sexes.

  • BHP : les données de BHP montrent que les mines où la main-d’œuvre est plus inclusive et plus diverse obtiennent de meilleurs résultats que la moyenne sur une série d’indicateurs, dont la sécurité, la productivité et la culture d’entreprise. BHP s’est engagée publiquement à atteindre la parité hommes-femmes d’ici à 2025 en instaurant des horaires flexibles, en invitant ses partenaires logistiques à appuyer ses objectifs d’inclusion et de diversité, en identifiant les préjugés et en prenant des mesures pour les atténuer, et en s’assurant que la marque et la branche de BHP sont attractives pour une variété de personnes.

  • Rio Tinto: S’exprimant au nom de Rio Tinto, Mark Richards, principal conseiller en charge des affaires extérieures et des politiques économiques, s’est engagé à améliorer la diversité en nommant plus de femmes à des postes de direction, en recrutant de plus en plus de femmes et en continuant d’agir sur des questions cruciales telles que la famille et la violence domestique.

  • Canada: Mark Pearson, membre du Conseil d'administration de l'TIE, a assuré que le Canada allait continuer de soutenir les organisations de défense des droits des filles et des femmes dans les pays de l’ITIE afin de les aider à s’impliquer concrètement dans la gouvernance des ressources naturelles. Le pays mettra aussi à contribution son réseau de missions diplomatiques pour encourager une représentation plus diverse dans les Groupes multipartites de l’ITIE.

  • France: Geneviève de Rossum, membre du Conseil d’administration de l’ITIE, a souligné les efforts déployés par la France pour faire de l’égalité entre les sexes une cause mondiale, y compris en travaillant sur l’autonomisation économique des femmes africaines et en promouvant la formation tout au long de la vie pour les femmes. La France, qui assume la présidence du G7 en 2019, accueillera l’année prochaine la cinquième Conférence mondiale sur les femmes, 25 ans après la dernière conférence qui avait eu lieu à Beijing.

  • Arménie: Lusine Tovmashyan, Coordonnatrice Nationale de l’ITIE Arménie, a annoncé que son pays allait publier des données ventilées par sexe concernant l’emploi dans le secteur minier, mais aussi examiner comment les entreprises peuvent recruter plus de femmes et améliorer l’inclusivité sociale par leurs dépenses sociales et économiques.

  • NRGI: s’exprimant au nom de l’Institut de gouvernance des ressources naturelles, Nafi Chinery s’est engagée à reconsidérer le travail de l’Institut dans une perspective de genre en cherchant des moyens de surmonter les obstacles qui freinent la formation des femmes et en prônant un usage efficace des données. Le NRGI s’est aussi engagé à soutenir de nouvelles études sur les effets variables que la gestion des revenus peut avoir selon les sexes.

Prochaines étapes

Les mois à venir seront déterminants pour préserver cet élan. Le Conseil d’administration de l’ITIE prépare des documents d’orientation concernant la prise en compte des questions de genre dans la mise en œuvre de l’ITIE, en s’appuyant sur l’expertise d’organisations de la société civile telles qu’Oxfam, Publiez ce que vous payez et le NRGI, ainsi que sur l’expérience des femmes et des hommes qui vivent dans les pays mettant en œuvre l’ITIE.

Une approche unique n’est pas envisageable. Les différents vécus des nombreux groupes marginalisés doivent être pris en compte pour faire progresser l’égalité entre les sexes et la diversité. Cela nécessite de reconnaître que les expériences varient non seulement selon le sexe, mais aussi selon le lieu, la classe, l’ethnicité, l’indigénéité, la religion et l’âge. Les différentes perspectives étaient visibles chez les participants de la séance venus d’Amérique latine, d’Afrique centrale, d’Asie centrale et des pays de l’OCDE.

Tandis que l’exclusion nourrit la mauvaise gouvernance, la diversité ne peut que renforcer la gouvernance des ressources naturelles pour tous les citoyens des pays riches en ressources. Si la Norme ITIE fournit un terreau fertile pour relever ce défi, une coalition d’acteurs sera toutefois nécessaire pour faire avancer les choses. La Conférence de l’ITIE a montré que ce mouvement naissant ne manque pas d’ambition.

Author(s)
Indra Thévoz