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Gardez le sourire, l’horizon est en train de s’éclaircir

Le profil du mois a été rédigé par Richard Dion.

« Par pur hasard ! » répond en souriant Mme Çinari lorsqu’on lui demande comment elle a rejoint les rangs du processus de l’ITIE en Albanie.

« Lors d’une rencontre avec M. Gjiknuri qui était membre du Parlement et faisait alors partie de l’opposition, j’avais commencé à pester contre la direction du pays. Notre pays avait-il un plan ? Quelqu’un pouvait-il nous en parler ? »

Le café du hasard

Quelques mois plus tard, après une élection et un remaniement gouvernemental, alors qu’elle sort d’une salle, une tasse de café à la main, Mme Çinari tombe sur M. Gjiknuri, à présent ministre.

« Tiens, Dorina, je suis vraiment content de vous voir. J’ai beaucoup pensé à votre diatribe d’il y a quelques mois. Vous m’aviez interpelé. Voulez-vous essayer d’insuffler le changement au sein de notre gouvernement ? Seriez-vous intéressée par la direction de l’ITIE en Albanie ? »

Mme Çinari poursuit : « J’étais un peu surprise et, pour être honnête, ces quatre lettres n’avaient aucun sens pour moi. Cependant, le soir même, j’ai parcouru le site Internet de l’ITIE Albanie et celui du Secrétariat international et j’ai été conquise. Je voulais faire partie de l’Initiative. »

Une année, deux rapports, trois entreprises politiques d’envergure

À l’issue de sa première année au poste de coordinatrice nationale de l’ITIE Albanie, Mme Çinari avait déjà observé des changements considérables.

En sa qualité de président du secrétariat national ayant publié deux rapports ces derniers mois, le gouvernement et le secrétariat national ont pris des mesures concrètes pour renforcer les capacités du gouvernement dans le domaine contractuel, établir un plan de gestion des recettes, aborder le problème du caractère informel du secteur de l’exploitation minière et intégrer des clauses sur la transparence dans la législation à venir.

« À présent, nous avons un plan. L’esprit d’opacité totale sur la transparence est en train d’évoluer lentement. Cette évolution est difficile à mesurer, mais les appels téléphoniques qui me demandent de traiter les questions de manière informelle sont moins fréquents. »

S’attaquer à une montagne de problèmes

Laissant paraître sa frustration, Mme Çinari débite les faits en feignant la tristesse. « Me croirez-vous si je vous dis qu’en 1990, les recettes tirées de nos industries extractives comptaient pour 40 % de notre PIB ? Aujourd’hui, ce chiffre n’atteint même pas 2 %. Il faut qu’il augmente ! » Ce déclin peut s’expliquer par le fort caractère informel du secteur et par le déclin de l’industrie de transformation minière. Actuellement, 99 % des minerais albanais sont exportés sans avoir été transformés, alors que la transformation ajouterait de la valeur aux ressources et augmenterait leur prix.

Mme Çinari affirme : « Des progrès ont été réalisés, mais il reste encore une montagne de problèmes à régler. Les organismes gouvernementaux jouent un rôle primordial dans la collecte des informations requises pour les rapports ITIE. Or, il n’est pas encore clair que ces informations doivent être publiées et libres d’accès. La disparition de l’expérience socialiste prendra plusieurs générations. Le secteur privé est parfois plus coopératif que les organismes publics. Dans ce domaine, la société civile doit faire preuve d’un engagement plus marqué. »

Façonner l’Albanie de plusieurs façons

« Je suis heureuse de jouer le rôle d’ambassadrice informelle pour mon pays, que je représente ici et à l’étranger. D’une certaine façon, le destin de notre pays est lié aux industries extractives, donc je ne m’attèle pas seulement aux détails relatifs aux administrateurs indépendants et aux plans de politique et de communication du groupe multipartite, mais aussi à la situation dans son ensemble, à savoir, si j’ose dire, les activités “agréables” telles que les présentations, la rédaction des briefings pour les visites ministérielles à Bruxelles ou la défense des intérêts de l’Albanie en tant que pays propice aux affaires en raison de sa proximité avec les marchés européens. Nous avons réussi à attirer plusieurs entreprises gazières et pétrolières majeures. Je suis ingénieure de formation et j’ai l’habitude de travailler avec les équations et les aspects techniques. La dimension interpersonnelle et stratégique, qui est très importante dans mon travail, est donc encore nouvelle pour moi, mais j’apprends. »

Mme Çinari se repose-t-elle parfois ? C’est rare. « Je lis beaucoup, parfois toute la nuit. J’adore aussi chanter et danser ». En plus d’aimer façonner le secteur des industries extractives de l’Albanie, Mme Çinari modifie également son entourage immédiat. « Le design m’inspire et j’ai dessiné des vêtements et même des intérieurs pour certains de mes amis. Ils ne s’en plaignent pas, du moins pas encore… » dit-elle avec un sourire.

Pays
Albania