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Mali : Souffrance et espoir au cœur d'une ruée vers l'or

Le 12 avril, Dioncounda Traoré a prêté serment en tant que président intérimaire du Mali. L'investiture présidentielle a mis fin à des semaines d'imbroglio politique qui ont vu se dérouler un coup d'État militaire et une rébellion des Touareg dans le Nord. Ces événements ont-ils été une surprise pour les Maliens? Pas vraiment. À présent, la plupart se demandent quelles en seront les conséquences pour eux et espèrent un avenir plus radieux.

L'histoire du Mali est étroitement liée à celle de l'or depuis l'époque du Mandé, l'empire du Mali. Le pèlerinage de l'empereur Kanka Moussa à La Mecque au quatorzième siècle resta longtemps dans les mémoires en raison des quantités considérables d'or que l'empereur avait emmenées avec sa caravane. Aujourd'hui, le Mali est le troisième plus important producteur d'or en Afrique, après l'Afrique du Sud et le Ghana. En 2009, le gouvernement malien a reçu plus de 350 millions de dollars américains de l'exploitation minière aurifère, quatre fois ce qu'a obtenu le Ghana pour son or à la même période. En outre, des millions de dollars de plus sont dépensés dans l'exploration pétrolière et d'uranium dans les régions du nord.

Malgré cette abondante richesse minérale, le Mali souffre. La majorité de la population reste enlisée dans la pauvreté et le pays fait à présent face à une crise politique et humanitaire majeure. Bien que les raisons soient probablement nombreuses, le Mali souffre en partie du manque de responsabilité envers ses citoyens en matière de revenus, de la façon dont sont utilisés ces revenus et de la capacités des réglementations existantes à garantir une part raisonnable au gouvernement.

Il existe cependant des raisons d'être optimiste. L'année dernière, le Mali est devenu pays Conforme à l'Initiative pour la transparence dans les industries extractives qui prône la transparence et la responsabilité dans les secteurs pétrolier, gazier et minier. Comme la Mauritanie et le Niger, ses voisins, le Mali a publié plusieurs Rapports ITIE qui donnent pour la première fois accès au public à des informations sur les taxes perçues dans le secteur minier. Le gouvernement, les entreprises et la société civile discutent de réformes pour une plus grande transparence, notamment la mise en place d'une commission ITIE pour voir davantage de revenus reversés en faveur du développement local et de la protection de l'environnement. Ces discussions sont importantes et la majorité de la population malienne souhaite qu'elles se poursuivent.

Cela suffira-t-il? Probablement pas, mais c'est là qu'il fallait commencer. Dans une jeune démocratie comme le Mali, réaliser des progrès sur des questions aussi complexes et de nombreux intérêts contradictoires ne sera pas chose aisée. Mais il y a espoir que l'ITIE peut servir de canal pour améliorer la reddition de comptes et renforcer le dialogue. Ce dialogue est plus important que jamais pour veiller à ce que l'homme et la femme de la rue bénéficient des richesses minières et que l'or brille enfin pour tous les Maliens.

Photo par melodynelson, disponible sous licence Creative Commons Attribution-NonCommercial-ShareAlike.

Pays
Mali