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Le nouveau ministre norvégien au développement, Nikolai Astrup, s’exprime devant l’ITIE à la veille de la réunion du Conseil d’administration

Nikolai Astrup, le nouveau Ministre norvégien au développement, a livré quelques réflexions lors de la réception accompagnant la 39e réunion du Conseil d’administration de l’ITIE. Il a commencé par citer le Premier ministre norvégien Erna Solberg, dont le discours à Davos a marqué les esprits.

« La corruption et les flux financiers illégaux sont des phénomènes liés à la série de menaces à laquelle nous faisons face de nos jours: le changement climatique, le terrorisme, le crime organisé, la cybercriminalité, pour n’en citer que certaines. Nous faisons face à de nombreux défis qui ne connaissent pas les frontières nationales. Les inégalités grandissent dans beaucoup de pays. Ceci nourrit les frustrations et l’aliénation. Les conflits se multiplient. La corruption est un dénominateur commun. La corruption est néfaste au développement économique, social, environnemental et politique. Il nous faut promouvoir les actions conjointes des gouvernements, du secteur public, des entreprises, des organisations multilatérales et de la société civile pour la lutte contre la corruption ».

Comme l’a noté Monsieur Astrup, on aurait pu croire que le discours du Premier ministre portait sur l’ITIE.

Le Ministre a ensuite indiqué qu’il voit l’ITIE comme un exemple d’initiative nécessaire pour parvenir aux Objectifs du Développement durable fixés dans l’Agenda 2030. Il a mentionné la nécessité de la bonne gouvernance pour promouvoir une croissance économique durable et le fait que l’ITIE a fait ses preuves pour améliorer la gouvernance des richesses issues des ressources naturelles.

Si le Secrétariat international de l’ITIE est basé à Oslo, c’est parce qu’il est reconnu que les norvégiens sont parmi les meilleurs pour la gestion des ressources naturelles. Comme le Ministre le dit lui-même : « Gérer les ressources gazières et pétrolières n’est pas chose aisée. Notre histoire nous montre ce qui est réalisable lorsque les ressources sont utilisées pour le bien des citoyens d’un pays. L’ouverture, la responsabilité et la supervision démocratique ont été des clés du succès. »

Le gouvernement norvégien prend très au sérieux son rôle de soutien aux pays riches en ressources, notamment en finançant son propre programme « Pétrole pour le Développement », par le biais duquel la Norvège partage ses expériences et connaissances. Cinq pays participant à ce programme – le Ghana, l’Irak, le Mozambique, le Myanmar et la Tanzanie – sont également des pays ITIE et les deux programmes ont déjà travaillé main dans la main par le passé. Entre autres expériences, la Norvège fait part à d’autres pays riches en ressources de son engagement à être pionnier dans la transparence ddu secteur extractif en devenant le premier pays à « intégrer » l’ITIE. La Norvège prévoit de divulguer de plus en plus d’informations sur le portail norskpetroleum.no. Les divulgations présentées sur ce site Internet comprennent des informations sur les taxes et autre paiements perçus de la part de compagnies pétrolières et gazières opérant sur le plateau continental norvégien. L’intégration facilite l’accès aux données pour le grand public, et permet plus facilement aux entreprises et au gouvernement de mettre ces données à disposition. Il s’agit d’une solution contemporaine au défi que représente un débat public informé. L’objectif est d’utiliser au mieux les possibilités d’Internet et des télécommunications pour promouvoir la transparence. La Norvège a prouvé que c’était réalisable et je vous recommande de jeter un œil sur le portail norskpetroleum.no pour constater de vous-même quel aspect peut avoir la transparence numérique.

Jonas Moberg, Chef du Secrétariat international de l’ITIE, a ensuite présenté le Rapport de Suivi 2018 dont je vous recommande la lecture si vous souhaitez en savoir plus à propos de l’impact de l’ITIE dans 51 pays. Vous pouvez également regarder la vidéo ci-dessous.

Le Rapport de Suivi 2018 est truffé de faits, de citations et de récits portant sur l’impact de l’ITIE dans nos 51 pays membres. Ayant visité un certain nombre de pays de l’ITIE l’année passée, Fredrik Reinfeldt, Président de l’ITIE et ancien Premier ministre suédois, résume ainsi la mission de l’ITIE : « aspirer à un monde où les fuites d’informations sont superflues car l’information est aisément accessible », faisant ainsi référence aux Paradise Papers et à d’autres fuites qui ont surpris et choqué le monde en 2017. Jonas Moberg mentionne l’accent mis en 2017 sur les pays de mise en œuvre soumis à l’exercice de la Validation. Un aperçu global de la Validation est à retrouver en page 6, il illustre les résultats de la Validation pour les 21 premiers pays. Le Rapport de Suivi souligne également des domaines politiques nouveaux sur lesquels travaille l’ITIE comme la transparence des contrats, la transparence dans le commerce des matières premières, la transparence des entreprises d’Etat et bien entendu le travail tout à fait novateur que nous faisons en matière de transparence de la propriété réelle.

Le New Yorker a baptisé l’ITIE en 2017 « un projet global remarquable portant un nom particulièrement ennuyeux ». Ceci s’applique également à l’accent mis à présent par l’ITIE sur les divulgations intégrées. Dans la pratique, l’intégration signifie que les entreprises et les gouvernements divulguent l’information sur leurs sites Internet et portails alors que les Rapports ITIE renverront à ces sources d’information, traitant de toute lacune dans les données. Cela peut sembler simple au premier abord mais dans la pratique cela signifie l’utilisation de systèmes informatiques permettant d’intégrer la transparence à la source des systèmes de déclaration des entreprises et des gouvernements.

La Norvège est largement reconnue comme un leader dans la gestion des ressources naturelles et elle pave encore une fois la voie en tant que premier pays ITIE à entreprendre une intégration formelle de l’ITIE.

Une délégation ministérielle du Sénégal était également présente à la veille de cette 39e réunion du Conseil d’administration de l’ITIE. Son Excellence Mansour Elimane Kane, Ministre du Pétrole et de l’Energie, est actuellement à Oslo pour discuter des progrès importants accomplis par le Sénégal dans la mise en œuvre de la Norme ITIE et pour rencontrer ses homologues norvégiens. Le Ministre a exprimé ses espoirs et sa détermination à faire du secteur extractif sénégalais un succès et il a indiqué que le Sénégal était en passe de devenir un producteur important de gaz naturel. Le Sénégal a signé vendredi un accord de coopération inter-gouvernemental avec son voisin mauritanien. L’accord est basé sur la meilleure pratique du secteur s’agissant de développer les ressources transfrontalières, à savoir le traité Frigg entre le Royaume-Uni et la Norvège datant de 1976. La délégation ministérielle sénégalaise rencontrera également ses homologues norvégiens afin d’en apprendre plus sur le secteur pétrolier et gazier et sur la gestion du fonds pétrolier norvégien.

Fredrik Reinfeldt a terminé la soirée en notant que la météo (beaucoup de glace et de neige) était la raison des succès norvégiens aux Jeux olympiques d’hiver. Il a souligné que le sport au niveau international, tout comme la gouvernance du secteur extractif, était au mieux lorsqu’il était multilatéral et que le monde avait besoin de plus de collaboration et non pas l’inverse.

Author(s)
Victor Ponsford