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Que nous apprennent les rapports ITIE ?

Chute des revenus pétroliers au Yémen : comment notre gouvernement s’y prépare-t-il ?

Le 5 octobre, la coalition membre du réseau PCQVP (Publiez ce que vous payez) au Yémen, la coalition pour la transparence dans les industries extractives, a organisé avec l’ITIE un atelier pour analyser le rapport 2008-2010 de l’ITIE. En tant que représentants de la société civile, nous avons besoin d’ateliers et d’exercices comme celui-là pour pouvoir utiliser les rapports annuels de réconciliation de l’ITIE. Ces rapports ne permettent pas seulement d’examiner les chiffres, la réconciliation des revenus et d’éventuels écarts, mais ils offrent également une opportunité d’analyser les tendances, de faire ressortir certains faits et de développer des messages clés de plaidoyer, pour explorer les moyens d’améliorer la gestion du secteur et faire en sorte que les générations présentes et futures en tirent profit.

Que nous dit le rapport 2008-2010 de l’ITIE sur le Yémen ? Ou plutôt, que ne nous dit-il pas ?

Pour analyser les rapports ITIE, il est essentiel de ne pas se laisser distraire par de petits écarts ou par des détails mineurs, mais plutôt d’examiner de manière plus globale ce que traduisent les chiffres.

Un examen rapide des chiffres de la production de pétrole brut (en volume et en valeur) révèle que la production est en baisse.

Cela signifie que le boom pétrolier au Yémen a touché à sa fin. Le gouvernement a certes mis aux enchères 15 nouveaux blocs d’exploration depuis le début de l’année, mais il n’est pas garanti que ces blocs d’exploration déboucheront automatiquement sur de nouveaux champs pétroliers productifs.

Si le boom pétrolier est effectivement en train de se terminer, quelles stratégies notre gouvernement a-t-il mises en œuvre pour diversifier notre économie après la fin du tout pétrole ?

Existe-t-il des possibilités d’exploiter d’autres minéraux pour remplacer le pétrole ? Malheureusement, le rapport ne prend pas en compte les revenus de l’industrie minière. Nous savons que près de 95 % des compagnies minières opérant au Yémen sont en phase d’exploration, tandis que seules 5 % sont en phase de production. Néanmoins, en tant que coalition, nous estimons que les revenus provenant de ce secteur devraient être transparents. C’est pourquoi, nous avons négocié l’intégration des revenus miniers dans le prochain rapport de réconciliation ITIE, dont la publication doit intervenir avant la fin de l’année.

Mais revenons à l’or noir. Concernant la gestion par le gouvernement de la production de pétrole brut, c’est-à-dire la part qui est exportée et la part qui est envoyée vers les raffineries pour la consommation domestique, voici ce qui ressort du rapport :

Près de la moitié de la production de pétrole brut est acheminée vers les raffineries pour la consommation domestique.

Mais dans ce cas, pourquoi connaissons-nous des situations de pénurie énergétique ? Le Yémen est confronté à de très importantes coupures d’électricité qui peuvent durer jusqu’à 12 h par jour, alors que seulement 40 % de la population a accès à l’électricité. Les chiffres du rapport révèlent des taux si élevés de consommation interne que nous devons faire la lumière sur ce que devient ce pétrole. Or, le devenir de ces volumes substantiels de pétrole brut est tout sauf clair.

Malgré la demande du réconciliateur, les compagnies pétrolières n’ont pas communiqué leurs chiffres en termes de production de pétrole brut, si bien que les chiffres de la production reposent sur les seules données du gouvernement. Cependant, le prochain rapport ITIE devrait permettre une évaluation plus précise, puisque les compagnies devront communiquer les chiffres de la production de pétrole et de gaz projet par projet.

Alors que les revenus du Yémen provenant du seul pétrole brut atteignent en moyenne 5 milliards de dollars US par an sur la période 2008-2010, nous devons savoir comment ces revenus dérivés de l’exploitation de nos ressources naturelles sont dépensés par le gouvernement. Dans le prochain rapport ITIE, le budget annuel du gouvernement sera inclus, avec des indications claires sur la façon dont les revenus ont été dépensés. Il s’agit d’une étape essentielle pour permettre aux citoyens yéménites d’effectuer un contrôle minutieux de la façon dont la richesse nationale est dépensée. Selon le PNUD, le Yémen occupe l’avant-dernier rang de l’index de développement humain pour l’Asie et l’Océanie (avec un score de 0,458). Les revenus de nos ressources en pétrole et gaz doivent donc être utilisés pour améliorer les conditions de vie de l’ensemble de la population.

Il est maintenant de notre devoir d’agir sur la base de ces informations, pour garantir que les générations présentes, mais aussi les générations futures, tirent profit de notre manne pétrolière et gazière.

Cet article, que nous reproduisons ici avec la permission de l’auteur, a été publié sur le site www.publishwhatyoupay.org . Tawfiq Al-Budiji est un coordinateur de la coalition PCQVP au Yémen.

Pays
Yemen