Skip to main content
Fallback image

Réflexions sur le booksprint sur les contrats miniers

Proverbe arabe : une demi chèvre (50%) vaut mieux qu'un poulet entier (100%)

Nous sommes heureux d'annoncer (par « nous », nous entendons l'ISLP, le Vale Columbia Center, RWI-NRC, OpenOil et World Bank Institute) la publication d'un livre qui explique comment décrypter les contrats miniers. « Les contrats miniers, comment les décrypter et les comprendre », est disponible sur le site Internet de Resource Contracts (Contrats de ressources).

Au cours des prochaines semaines, nous allons le traduire en plusieurs langues et l'imprimer. D'ailleurs, si quelqu'un veut des copies en grand nombre, vous pouvez m'écrire et nous verrons ce que nous pouvons faire (nous ne savons pas encore combien de copies seront imprimées donc cette offre est sans garantie !).

Comment écrire un livre en 5 jours

Entre temps, je voulais vous parler un peu du processus de travail intensif d'écriture "le booksprint" à l'origine du livre. Pas seulement parce que c'est fascinant, mais aussi parce que je pense que cela pourrait générer une large variété d'applications au sein des communautés de gouvernance. Bien qu'il soit plutôt question d'une réflexion sur le processus de production de connaissances qui s'éloigne des domaines de gouvernance plus spécifiques abordés par l'ITIE. Si vous me le permettez, je vous explique : Nos communautés font face à de grandes questions de capacité à mesure que la nouvelle Norme ITIE est déployée – nous aurons bientôt besoin de plus de ressources adaptées pour expliquer un large éventail de sujets techniques – et je pense que les techniques de booksprint peuvent nous aider considérablement en ce sens.

Le livre publié aujourd'hui ne contenait pas un seul mot, un sommaire ou un titre il y a dix jours de cela. Nous avons commencé à l'esquisser lors d'un séminaire de retraite le long de la baie de Chesapeake lundi de la semaine passée et nous avons terminé le brouillon vendredi soir (enfin, techniquement à 2 heures samedi matin – on n'appelle pas cela un « sprint » pour rien !).

La technique du booksprint est incroyable. Bien que le livre ne soit pas parfait, c'est une introduction lisible et raisonnablement exhaustive d'un sujet plus large et complexe (voir le titre du livre - oui, je fais de la pub !), expliqué dans un langage simple à des non-spécialistes. Le livre sur le pétrole publié l'année dernière a jusqu'à maintenant été téléchargé plus de 60 000 fois et il n'y a pas de raison de penser que cette suite consacrée au secteur minier fera moins bien. C'est en effet un sujet vital dans de nombreux pays.

Je pense que la technique du booksprint – et d'Adam Hyde en particulier – redéfinit notre compréhension de ce que sont les connaissances et la créativité.

Les premières questions qui viennent à l'esprit en parlant de booksprint sont : comment un groupe peut-il écrire un livre sans que cela ne devienne chaotique ? Et comment faire cela en 5 jours?

Immersion dans les contrats miniers

C'est mon troisième booksprint et j'ai vu comment les experts sont nerveux au départ et comment ils sont rassurés une fois qu'on leur a expliqué le processus. Nerveux car la production collaborative, fort d'un esprit largement égalitaire, se confronte à un paradigme de production de connaissances basé sur une autorité, perfection et expertise individuelle si fortes que nous cessons presque de la voir comme un paradigme et la prenons pour... la réalité. Rassurés, car il est parfaitement clair quand vous êtes en face à des faits, que cela fonctionne. Vous pouvez juger vous-même des résultats bien sûr, mais je ne parle pas seulement du produit, du livre, mais aussi du processus au sens large.

Ce livre est vraiment un sous-ensemble d'une conversation plus riche et large qui a lieu à présent toutes les semaines 15 personnes qui vivent et respirent ce sujet 16 heures par jour – et, plus important, qui travaillent avec une échéance immédiate sur une mission commune. C'est cela qui fait toute la différence vis-à-vis du niveau et de l'intensité de l'engagement. Vous pourriez rassembler le même groupe d'experts dans un atelier de travail autant de temps pour parler des mêmes sujets et vous n'obtiendrez jamais la même dynamique.

Un petit échantillon de conversations autour et à côté du livre. Écouter Sam Russ, Herbert M'cleod et Zorigt Dashdorj discuter avec passion pendant le déjeuner de leurs gouvernements respectifs (Liberia, Sierra Leone et Mongolie) et plus spécifiquement de leurs gestions des ressources, et de la valeur (ou absence de valeur) des dividendes en faveur des citoyens. Être le témoin de prises de bec concernant les redevances et les impôts sur les revenus autour de notre « table scolaire » avec les juristes/avocats (ils se reconnaîtront !) qui ont condensé leurs décennies d'expérience et de compréhension dans un marathon de 3 jours. Quelques didacticiels impromptus fournis par Jeffrey Davidson, un ancien de Rio Tinto, sur la durée de vie d'une étude de faisabilité, complétés par des croquis de flux de travail. Jeffrey a déjà passé cinq jours au sud du Venezuela sur un seul projet pour que cela fonctionne. Ce qui est drôle, c'est que bien que projet soit un livre, il englobe un nombre extraordinaire d'expertises, de vécu et d'expériences. C'est d'ailleurs pour cela qu'un des chapitres est intitulé « Confessions d'un négociateur : Cent soixante-dix ans à la table des négociations », chiffre qui représente la somme des âges de tous les participants, ce qui signifie que si nous étions une même et seule personne, nous aurions pu négocier l'achat de l'Alaska par les États-Unis à la Russie tsariste, voire le projet du Canal de Suez.

Plus on est de fous, plus on rit

Chaque section du livre est en fait relue par au moins quatre ou cinq personnes. Et comme le booksprint impose un délai et un lieu d’écriture, on peut amener avec nous des lecteurs supplémentaires, aussi appelés « lecteurs cibles» (Clara Roorda, dans notre cas, Chercheuse au VCC, car elle n'a pas d’expérience directe dans les contrats miniers). Le lecteur cible est un concept important. C'est une chose pour un expert d'essayer d'écrire pour un public général. Cela en est un autre pour le public général d'être dans la pièce au moment de l'ébauche pour dire à l'expert si ce qu'il ou elle écrit est suffisamment clair. Ce qui est intéressant avec le principe du lecteur cible, c'est que c'est ce lecteur cible qui fait autorité en matière de clarté du livre – justement parce qu'il n'est pas un expert.

Un autre point clef est d'avoir une grande variété de profils, perspectives et disciplines dans la pièce : des entreprises, des gouvernements, des ONG, le Nord, le Sud, des avocats, des économistes, des ingénieurs. C'est aussi ce qui rend le livre complètement unique. Certaines personnes écrivent beaucoup. D'autres parlent beaucoup. Et d'autres contribuent de part leur expérience et critique. Tout cela est très bien. Cette diversité, pas seulement de perspectives mais aussi de rôles, est la raison pour laquelle le booksprint a tendance à parler de « contributeurs » et pas d'écrivains ou d'auteurs, termes qui peuvent être lourds de sens.

Un document vivant

Bien sûr le délai court et le large groupe ne signifient pas pour autant que le livre n'est pas conventionnel de plusieurs façons. Nous faisons de notre mieux, mais le livre ne parle pas forcément d'une voix autoritaire au style classique. De plus, malgré nos meilleurs efforts, il pourrait y avoir quelques coquilles.

Ce sujet soulève les mêmes genres de questions que Wikipedia par rapport aux encyclopédies traditionnelles qui font autorité. Clairement, les erreurs ont de l'importance. Mais nous partons du principe qu'un processus n'est jamais totalement exempt d'erreurs, alors l'idée que notre travail contienne des erreurs ne nous arrête pas.

Combien d'erreurs le processus produit-il, par exemple, quel est leur degré de gravité, et sont-elle faciles à corriger ? Tout cela est relatif, bien sûr. Je ne recommanderais certainement pas de produire un document juridique avec la technique du booksprint. Et bien sûr, lorsque l'on parle des erreurs et fautes individuelles, il y a aussi des méta-questions, telles que : ce livre est-il nécessaire et quels sont les autres moyens de le produire avec les mêmes contraintes générales ? Et, bien sûr, avec le booksprint, la plateforme libre et gratuite ainsi que la licence encouragent la création d'un « Document vivant ». La prochaine édition peut paraître dès qu'une personne a le temps de le récrire ou d'y apporter des modifications. Cela pourrait être demain ou jamais, mais cela rajoute une perspective supplémentaire sur les textes plus statiques traditionnels.

Un aspect de la cohérence d'une voix autoritaire que le booksprint renforce sans aucun doute est le recours à des visuels sympas et branchés.

Et après ?

Quels autres sujets de l'ITIE allons-nous couvrir de cette façon ? En tout cas, les trois qui me tiennent particulièrement à cœur sont : le commerce du pétrole (comment les marchés pétroliers fonctionnent et comment analyser les habitudes commerciales pétrolières d'un pays du point de vue de la gouvernance), le GNL et les contrats gaziers offshore, et... la production et le commerce spécifique de minerais de fer. Si des gens pensent avoir des choses à dire sur ce sujet, qu'ils me le fassent savoir ! De façon plus générale, les livres génériques sur les contrats sont l'oeuvre d'une région ou d'un pays. Mais dans ce cas-ci, comme nos travaux sont libres de droits d'auteur et réutilisables à volonté, nous encourageons vivement les GOXIans de penser aux contextes dans lesquels ils peuvent utiliser les travaux généraux pour étudier un pays ou une région spécifique.

Tous les retours d'information sont les bienvenus !