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Lettre ouverte sur l'Ethiopie : la Présidente Clare Short s'adresse à PCQVP Afrique

 

La Présidente de l’ITIE écrit aux membres du Conseil d’administration international de l’ITIE : Ali Idrissa, Faith Nwadishi et Jean-Claude Katende.

En octobre 2013, le gouvernement éthiopien a déposé une demande de Candidature à l’ITIE au nom de l’Éthiopie. Cette demande de Candidature est disponible sur le site Internet de l’ITIE. Les procédures d’évaluation des demandes de Candidature sont décrites dans la Norme ITIE. La demande de Candidature de l’Éthiopie doit faire l’objet d’une discussion au cours de la réunion du Conseil d’administration qui se tiendra à Oslo, les 18 et 19 mars prochains. Cette semaine, le Comité de pilotage de Publiez ce que vous payez Afrique se réunit à Pointe Noire, en République démocratique du Congo, pour discuter de la position qu’il devra adopter au nom de la société civile africaine lors de la réunion du Conseil d’administration. Dans la lettre ci-dessous, la Présidente de l’ITIE, Claire Short, lance un vibrant appel au Comité de pilotage de PCQVP Afrique afin qu’il réfléchisse aux conséquences qu’aura sa décision.

Si vous avez des questions à poser au sujet de cette demande de Candidature, veuillez contacter Eddie Rich (erich@eiti.org) au Secrétariat international.

Jonas Moberg, Chef du Secrétariat international de l’ITIE

 

Chers Ali, Faith et Jean-Claude

Je crois savoir que vous êtes actuellement à Pointe Noire pour discuter, entre autres, votre position sur la demande de Candidature de l’Éthiopie pour devenir pays Candidat à l’ITIE. Je vous écris par la présente pour dire que l’issue de cette décision est une épreuve importante qui déterminera si l’ITIE est une coalition internationale d'une norme qui sert tous les pays qui cherchent à mettre en œuvre des réformes dans leur secteur extractive, ou d'une organisation qui est entraîné par des activistes. 

Permettez-moi tout d’abord de préciser qu’à mon avis la question de l'espace de la société civile à participer librement à la mise en œuvre de l’ITIE afin que l’ITIE puisse jouer son rôle,  est absolument cruciale. Cependant, l'ITIE n'est pas une norme de droits de l'homme.

Notre travail consiste à s’assurer qu’il y a suffisamment d’espace pour la société civile pour travailler avec et autour de l’ITIE et de contribuer à la mise en œuvre de réformes qui visent l’amélioration de la gestion du secteur extractif pour le bénéfice des populations. Les droits de l’Homme dans le sens large du terme sont la responsabilité des autres organisations et nous devons toujours garder à l’esprit que les droits sociaux et économiques font partie des droits de l’Homme au  même  titre  que les droits politiques et civils. J’admire énormément le  travail que de nos partenaires de la société  civiles ont pu réaliser en défiant le statuquo  dans des contextes souvent oppressifs. J’espère que vous conviendrez avec moi, qu’en dépit des difficultés, nos expériences montrent que la présence de l’ITIE dans les pays faisant face à des défis en matière de gouvernance a offert un espace et une plateforme à ceux qui veulent faire un plaidoyer en faveur des réformes, qui autrement n’aurait pas exister.

C’est la raison pour laquelle que je crois fermement que la barre pour devenir un pays Candidat devraient se limiter strictement et simplement à la question de savoir si il y a suffisamment d’espace pour la société civile de faire son travail au sein de l’ITIE. La Conformité et la Validation devraient donc constituer des tests pour vérifier si la participation de la société civile est libre, juste et indépendante. Nous devons tous reconnaître que l’ITIE est un outil et un processus ouvert à plusieurs, mais  que le respect de la norme elle-même devrait être un succès significatif. Comme nous l’avons discuté à Washington, il faut mettre davantage l'accent sur ​​les progrès continu que les pays continuent de réaliser. Je ne suggère bien évidemment pas que l’ITIE serait ouverte à tous les pays dans toutes les circonstances. Quand je regarde à travers les pays mettant en œuvre l’ITIE, je n’accepte pas le point de vue qui dit que la situation pour la société civile en Ethiopie est pire que dans beaucoup de ces pays. De mon point de vue, l’intention de la norme ITIE est de faciliter  l’entrée et encourager l’appropriation des réformes continues de façon continue. Je soutiens bien évidemment l’idée de clarifier cela aux Ethiopiens et à tous les nouveaux membres que le Conseil d’administration s’attend à ce qu’ils maintiennent leur engagement envers un espace propice à la participation de la société civile et que cela fera l’objet d’un suivi.

Je dois ajouter que je trouve que la discussion sur l’Ethiopie a été influencée de manière désavantageuse par quelques voix internationales ayant leurs intérêts propres. Ils ont probablement de bonnes intentions mais ils utilisent l’approche qui consiste à dire "le nord doit dire au sud ce qu'il faut faire".  Nous devons nous prémunir contre les efforts visant à utiliser l'ITIE pour servir d'autres programmes, quel que soit digne. Je n’ai aucun doute qu'il existe un groupe d’activistes qui veulent bien faire, mais qui sont prompts à s’en prendre sur certains pays africains qui, bien que loin d'être idéale, ne sont pas pire sont que de nombreux autres pays en matière de droit de l’homme. Par ailleurs, il y a de clairs problèmes de doubles standards. Par exemple, chasser les protestataires qui occupaient le pavé de la Cathédrale St Paul par la force dans mon pays a à peine provoqué des murmures.  L’existence de Guantanamo et le recours à la torture n’ont pas été mentionnés dans le cadre de la Candidature des Etats-Unis.

Le rejet de la demande de Candidature de l’Ethiopie laissera la société civile éthiopienne sans recours. Cela sera difficile pour l’ITIE de garder des pays comme le Congo B ou le Niger ou d’accepter des demandes de Candidature futures de pays où l’espace propice à la participation de la société civile pourrait être perçu comme limité mais où il confère à la société civile une importante protection et plateforme. Je crois aussi que nous devrions écouter ce qui me semble être une voix claire et unanime de la société civile en Éthiopie, plutôt que de considérer uniquement les voix de la diaspora éthiopienne.

Je vous écris donc pour vous exprimer clairement que je considère ces questions comme étant la clé sur laquelle l'ITIE pourrait contribuer dans l’avenir à la mise en œuvre des réformes dans les pays. Si l’ITIE est considérée comme uniquement comme un outil de plaidoyer, il perdra de son efficacité et du soutien.

Je mets en copie de cette lettre les membres du Comité de Candidature et de Sensibilisation.

Cordialement,

Clare

 

Les membres PCQVP répondent à la lettre de Clare Short à propos de la candidature de l'Ethiopie à l'ITIE

Réponse du Chef du Secrétariat de l’ITIE  concernant le rôle de la Présidente de l’ITIE