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Réduire la distance entre l'assiette et la bouche

Autour de la période des vacances ici en Norvège, les membres du personnel vont partager leurs témoignages et réflexions sur leur travail au Secrétariat de l'ITIE. Le premier à se lancer est Francisco Paris, directeur régional pour l'Amérique latine, les Antilles et l'Afrique de l'Ouest anglophone.

Nous avons une expression en Amérique latine, del plato a la boca se derrama la sopa. Il s'agit d'un jeu de mots qui veut dire grosso modo que, de l'assiette à la bouche, la soupe se renverse. Je l'ai utilisée ce mois-ci en Colombie pour essayer d'illustrer le problème fondamental des industries extractives: la conversion de richesses minérales en un développement durable.

La richesse minérale, comme la soupe, a tendance à être renversée! La soupe (les minerais, le pétrole, le bois) de l'assiette (mines et champs de pétrole/gaz) souvent n'atteint pas la bouche (les dépenses en produits pour le grand public) car elle est renversée (la prétendue "malédiction des ressources").

La Colombie, comme beaucoup d'autres pays riches en ressources, voit souvent sa soupe renversée. Des mineurs de Bogota m'ont affirmé que de l'or est extrait illégalement et probablement utilisé pour le blanchiment d'argent. Curieusement, les déclarations de douanes en Colombie font état d'exportations d'or supérieures aux quantité produites officiellement. La dégradation environnementale due aux mines illégales s'ajoute à la liste des problèmes.

Les droits et taxes perçus sur le pétrole et l'extraction en Colombie croissent depuis des années. Pourtant, les régions riches en ressources n'en tirent aucun profit. Un étude gouvernementale récente a confirmé que les départements et municipalités qui reçoivent la plus grande part des droits d'exploitation restent parmi les plus pauvres. On "renverse" partout. La corruption, la mauvaise exécution des projets et d'autre aberrations empêchent les communautés locales de bénéficier de l'argent transféré aux autorités locales.

La population est en colère et commence à rejeter d'emblée les projets d'extraction. Ils attribuent la faute aux compagnies d'extraction et aux politiciens locaux. Le gouvernement central semble dépassé, incapable d'assurer que les revenus miniers sont bien dépensés.

On renverse la soupe à tant d'endroits qu'il n'y pas assez de serviettes pour l'éponger.

Lorsque les gens entendent que l'ITIE est une norme mondiale pour la transparence des revenus dans le secteur minier, leurs attentes deviennent considérables. Des personnes différentes veulent des choses différentes. Le défi pour nous consiste à montrer que l'ITIE travaille pour les populations dans des endroits tels que la Colombie tout en gardant à l'esprit qu'il ne s'agit que d'une chose parmi de nombreuses autres nécessaires pour qu'on arrête de renverser la soupe.

Comme on dit: il n'y a que le premier pas qui coûte. Celui que nous faisons consiste à aider à réduire la distance entre l'assiette et la bouche.